Voilà ce que j’écris sur la page de « si Figeac m’était conté »
Cette date du 12 mai 1944 est profondément ancrée dans ma mémoire. Ma mère n’écoutant que son courage, a sorti des rangs de la rafle deux enfants âgés de 18 ans. Après avoir reçu deux coups de crosse d’un SS de la Das Reish, un officier a entendu ses cris de douleur et s’est approché d’elle, qui lui a simplement dit qu’elle connaissait bien ces écoliers, et qu’ils n’avaient pas l’âge de se trouver là. L’officier ordonna sur le champ qu’on les libère.
Ma mère était infirmière à l’hôpital et je pense, que le fait de porter la toque de la croix rouge a joué un rôle important dans cette décision.
Toutefois, il aurait ordonné une vérification d’ identité, il y a fort à penser qu’elle aurait pris une balle dans la tête !...cette division n’avait pas pour habitude de faire des cadeaux.
L’histoire nous l’apprend !..."les 99 pendus de Tulle, puis la tragédie d’Orador-sur-Glane !"...en sont l'horrible preuve !.
Alors, je sais bien que j’ai tendance à raconter ce fait de guerre, mais on ne peut pas me reprocher d’être fier de ma mère elle, qui à plusieurs reprises s’est exposée aux balles SS pendant la guerre.
Il lui en a fallu aussi du courage le jour où, alors qu’elle se rendait à l’hôpital depuis sa maison à Bagnac, elle entendit au loin des tirs soutenus.
Il s’agissait de la division De Wilde célèbre par ses exactions en Russie, au vert à Montauban elle s’était spécialisée dans la recherche et l’extermination des maquisards, son emblème était une faux, mise bien en évidence sur les engins de guerre !.
Ils avançaient vers elle !
Ils tiraient sur toutes les personnes qui essayaient de fuir sans distinction, elle aurait sûrement eu le temps de se cacher, et bien non, droite sur son vélo elle croisa toute la colonne, et les soldats SS qui surpris, la saluèrent bras tendus en la gratifiant de larges sourires.
Elle était pourtant apeurée m’a t’elle raconté, attendant à tout moment le coup de feu qui lui aurait été fatal !.
Il en faut en effet du cran, celui que je n’ai peut-être pas, bien que pas mal d’indices dans ma vie tourmentée
me font dire que je ne pourrais pas fuir devant un tel danger sans résister.
Mon père lui, fut un des premiers résistants Lotois, son ami de toujours René Andrieu le directeur du journal l’humanité,( un des chefs de la résistance Lotoise) venait lui rendre visite chaque fois qu’il était à Beauregard en vacances.
Ils se remémoraient les souvenirs de cette terrible période autour d’un bon repas.
J’ai appris ce qu’avait été leur dure et incertaine jeunesse, pendant plus de trois ans.
Ils m’ont appris à vivre dans le respect des hommes quelque soit leurs origines ou leur religion.
On pouvait effectivement fermer les yeux sur tout et se terrer comme des rats, mais rendons hommage à ceux qui ont eu le courage de faire face à la mort et à l’insoutenable dans une période aussi dramatique, pour un simple mot « liberté !».
Momo
MLCCACTP